Des maquisards yougoslaves qui ont combattu en France ont été reçus par la municipalité.
Très émouvante cérémonie que celle que faisait la municipalité de Bourg pour accueillir hier une délégatiion d'anciens maquisards yougoslaves ayant combattu dans les rangs de la résistance française du Vercors, du Grésivaudan et de l'Ain.
Ils étaient dix, dix qui ont survécu à ces combats et dont un groupe appartenait aux troupes clandestines du colonel GIROUSSE. Ils mirent d'ailleurs 20 ans après la guerre pour retrouver ce chef du maquis de l'Ain, dont ils avaient gardé un si ardent souvenir.
Ce groupe se composait au départ de 11 hommes qui, comme leurs camarades, avaient choisi de s'évader de l'armée allemande où ils étaient enrôlés de force pour rejoindre les maquis français. Ce sont donc des combattants qui bien qu'étrangers ont lutté pour libérer notre pays. On leur doit un puissant hommage et c'est avec joie d'ailleurs que les accueillait hier matin dans les locaux de la mairie un autre maquisard valeureux, M. Marius ROCHE, maire adjoint à Bourg en Bresse.
Cette réception se déroulait en présence du colonel GIROUSSE et des membres de l'association des maquis de l'Ain et du Haut-Jura dont il est le président et M. JACQUET, le secrétaire. C'est avec beaucoup de chaleur que tous se sont retrouvés, ont échangé cadeaux et souvenirs et ont joint leur verre en honneur à de rudes combats menés ensemble. La délégation yougoslave était elle-même très émue qui comptait un seul survivant du Vercors, les cinq du maquis du Grésivaudan et cinq autres encore sur les onze qui luttèrent auprès du colonel GIROUSSE. Après avoir lutté pour la libération de la France, ceux-ci choisirent ensuite de rejoindre la résistance de leur pays où ils combattirent dans les troupes de TITO. On ne s'étonnait donc pas de voir hier accrochée à leur veston la fameuse étoile rouge, signe du ralliement du socialisme yougoslave. Il y avait parmi eux Ciril SIVIC qui conduisait la délégation et le colonel Gabriel PANGERC, célèbre sous le nom de Zbichko dans la résistance française.
PRESQUE QUARANTE ANS PLUS TARD...
C'est à l'association des maquis de l'Ain et du Haut-Jura que l'on doit leur venue en France. C'est elle qui l'an dernier se dirigeait à Ljubljana en Yougoslavie à la rencontre des camarades yougoslaves pour formuler l'invitation à cette rencontre en France. Une rencontre qui doit s'accompagner de la visite de tous les lieux de la région où se passèrent les combats.
Ainsi aujourd'hui sera-t-il consacré à un voyage dans l'Ain pour retrouver les emplacements où chacun séjourna. Puis à 18 heures se déroulera une cérémonie au Val d'Enfer autour du monument des maquisards. Demain, la rencontre s'échelonnera successivement à Echallon, au Cerdon, puis à Nantua autour du monument des déportés. Et c'est lundi que les amis yougoslaves s'en iront retrouver leur pays.
De ce séjour en France sans doute garderont-ils souvenir. Des souvenirs s'ajoutent à ceux des combats menés ensemble et à ceux peut-être des douces et grivoises chansons qui offraient distraction en temps de guerre dans nos maquis français. Mais nous ne vous en répéterons pas ici les paroles.
A. DOURY
Le Dauphiné 5 juillet 1980