Objectif : faire sauter les trois principaux centres de transformateurs alimentant les usines du Creusot en électricité.
Le Colonel Henri GIROUSSE (CHABOT) apporte ses commentaires sur cette "opération Creusot" ; versant au dossier quelques précisions précieuses, voire certains éléments qui ne débouchent pas nécessairement sur des conclusions semblables (notamment concernant le résultat final de l'opération).
Il était nécessaire que cet éclairage sur un épisode particulièrement tragique - de la part d'un chef dont on sait quelles furent les responsabilités -, soit bien entendu pris en compte. Le voici, dans son intégralité.
Lorsque cette opération décidée par l'E.M. de R1 (Lyon) a été confiée aux maquis de l'Ain, j'avais fait part de mes réserves à Henri PETIT (ROMANS) : expédition dans une région extérieure à notre zone d'action, danger que présentait la circulation avec des voitures en défaut transportant des gens armés, traversée des ponts de la Saône souvent contrôlés, etc.
Autrement dit, beaucoup de risques pour des gens venant de l'extérieur, alors qu'il y avait sur place (maquis de Saône et Loire) des gens aptes à remplir la mission.
... Mais, il y avait les ordres, et lorsque ROMANS m'a demandé de fournir une voiture avec une équipe, j'ai, par discipline intellectuelle, fourni ce qu'il y avait de mieux au groupement sud.
La voiture était une traction AV Citroën 11 BL presque neuve que nous avions "piquée" avec Jean MIGUET et LOUISON quelques jours avant à un Italien qui travaillait pour l'agence TODT, et qui séjournait à l'hôtel de la Fresnay à Hauteville.
L'équipe comprenait :
- mon adjoint LOUISON, chef d'équipe - NEYRAUD, comme chauffeur
- trois Espagnols spécialistes en explosifs : LACAYO, MARTINE, et Joaquim UROZ
Au retour, la voiture est tombée sur un barrage. Après avoir ralenti, et passé en seconde, NEYRAUD a foncé et bénéficiant de la surprise, la voiture a forcé le barrage sans mal.
Ce qu'il faut dire aussi, c'est que les maquis de Saône-et Loire qui n'étaient pas au courant avaient exécuté un sabotage le même jour, sabotage qui avait déclenché des barrages par les Allemands et les policiers de Vichy.
L'équipe du groupement nord, dirigée par le lieutenant Edouard BOURRET (BRUN), avait une voiture Citroën "piquée" à Mr DUMAY, sous-préfet de Nantua.
Avec BRUN, il y avait :
- Paul SIXDENIER et Félix LE NOACH, faits prisonniers, emmenés à Dijon où ils ont été fusillés un mois plus tard.
- Louis TANGUY (LESOMBRE) tué à la Ferme de la Montagne le 8 février 1944.
Quant à DET-VAREYON, il est toujours vivant (il participait au dernier congrès de Culoz de l'A. M.A.H.J.)
Le résultat final de l'opération a été négatif, car les charges de plastic ont été enlevées (par qui ?) avant qu'elles n'explosent.
L'opération nous a coûté trois morts.
ROMANS en a tenu rigueur à Claude PERRIN-JASSY (MANTIN) "qui n'y était pour rien".