Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

LA LIBERATION

La bataille de Montrevel



Alors que la 19e armée allemande se replie le long de la Saône, les troupes alliées progressent le long de la N 83. Frustré par les offensives allemandes du 1er septembre, qui l'empêchent d'utiliser la mobilité de ses troupes pour attaquer les allemands par le flanc et informé du changement de direction de leur retraite vers Besançon, le général Truscott envoie le 117e cavalry squadron reconnaître la ligne allemande au nord et au nord est dans l'Ain. De leurs côtés, les allemands ne sont plus en mauvaise position puisqu'en se repliant ils bénéficient de leur ligne ravitaillement.

Le général Truscott, qui ne veut pas attendre les troupes du 179e régiment d'infanterie et de la 45e division qui se reconstituent à Meximieux, demande alors à bénéficier de la priorité sur les troupes françaises libres pour aller au nord sur Lons-le-Saunier. Désirant gagner de vitesse la 1ère armée française, il argumente que les chars et véhicules français n'ont plus d'essence alors qu'il ne dispose que de maigres effectifs. Patch lui fait confiance, mais lui confie la mission de couper la retraite allemande de la 11e panzer division entre Bourg et Lyon.

Le 2 septembre, sous la grêle, la 117e cavalry reconnaissance squadron, composé de 124 hommes, dix véhicules blindés et dix-huit jeeps qui manquent de grenades à main et de charges explosives puissantes pour les canons de 37 mm, reçoit l'ordre de prendre la ville de Montrevel, afin de couper la retraite allemande de Bourg à Mâcon. Se rendant compte qu'on les envoie au casse-pipe, le lieutenant-colonel Hodge proteste, jusqu'à l'insubordination. Mais Truscott résiste, il veut son action d'éclat et sous estime la 11e panzer division. A 23 heures, sous une pluie froide, les 5 chars Stuart M5, les 3 obusiers automoteurs Priest et les jeeps se mettent en route dans une course folle. Tôt le matin du 3, après avoir libéré Etrez, les américains, auxquels se joignent des F.F.I., capturent facilement 70 soldats allemands puissamment armés, arrivés la veille, et occupent Montrevel.

Très rapidement, la 11e panzerdivision, dont l'état-major est près de Bourg, contre-attaque sévèrement d'autant plus qu'elle connaît la faiblesse du système défensif américain. Le bataillon de reconnaissance soutenu par six blindés, du génie et des canons automoteurs se mettent en route sur Montrevel. Cherchant à couvrir sa retraite, la troupe allemande encercle Montrevel. La bataille commence vers 11 heures. Le combat tourne au désavantage des américains : leur armement n'a aucun effet sur les blindages des Panther allemands. L'arrivée des M5 et des Priest dans l'après midi ne change pas grand chose au combat. Un officier américain doit utiliser des panzerfaust allemands pour contenir les blindés de la 11e panzer division qui reflux à cause de l'exiguïté des rues.
Malgré les efforts héroïques des G.I.'s, à 16 heures 30, leur situation au centre ville est sans espoir, les troupes du génie allemandes s'attaquent aux maisons, les unes après les autres et l'artillerie allemande est d'une redoutable efficacité dans ses combats urbains. Pour les américains, trop de blessés, plus de munitions. Peu de temps après les 70 survivants qui n'ont pas réussi à s'échapper, sont capturés ou se rendent. Ils laissent sur le terrain trois chars Stuart, des jeeps, des half tracks et une automitrailleuse M8 sans avoir réussi à couper la retraite allemande. Ces derniers déplorent 60 victimes allemandes. Deux français sont tués et un est blessé.

Jérôme CROYET
Docteur en Histoire, archiviste adjoint aux Archives Départementales de l’Ain
Bibliothécaire de la Société d’Emulation de l’Ain

Lexique des sigles
Partagez sur les Réseaux Sociaux