«Je tiens tout d'abord à vous exprimer mon émotion et ma fierté.
Ici, la résistance française sut montrer qu'elle incarnait les valeurs les plus nobles de la nation : patriotisme, audace, panache, détermination.
Elle l'a montré alors que le pays souffrait de l'occupation nazie, que l'imminence de sa défaite rendait plus féroce encore.
Elle l'a montré alors qu'un gouvernement qui osait se réclamer de la France ajoutait l'ignominie à la lâcheté en interdisant aux Français d'honorer leurs pères, morts pour la défense du sol natal.
Lorsque le Conseil National de la Résistance décide de réagir en « provoquant dans tout le pays des manifestations d'envergure», les résistants de l'Ain, menés par le Capitaine Romans-Petit interprètent cette consigne de la façon la plus audacieuse.
Ne se satisfaisant pas d'un simple dépôt de gerbe, geste en soi déjà héroïque et risqué, ils décident d'organiser un défilé dans une des villes du département.
Il importait de montrer aux alliés la détermination des Français à contribuer à leur propre libération.
Il importait de prouver que l'action du général De Gaulle s'enracinait au plus profond de la volonté nationale, et qu'elle y puisait sa légitimité.
Qu'ils étaient de vrais soldats, les maquisards de l'Ain le démontrèrent magistralement en ce 11 novembre 1943.
Ils s'emparèrent de la ville avec une rapidité et une efficacité dignes des exploits des commandos.
Lors du défilé qui suivit, les images d'archives montrent une troupe à la tenue militaire impeccable, suscitant l'admiration et l'étonnement d'une foule émue aux larmes.
Et quel panache, dans l'épitaphe qui accompagnait la gerbe tricolore en forme de croix de Lorraine qui fut déposée ce jour là devant ce même monument aux morts
Pour la première fois depuis son désastre de 1940, la France occupée, martyrisée, fait à nouveau entendre sa voix à travers le monde libre.
Elle s'engageait bien sur la voie de l'effort, du sacrifice, et du sang.
Au moment où certains se complaisent à évoquer le déclin de la France, je les appelle à se souvenir de leur Histoire.»
extraits du discours de Michèle ALLIOT MARIE, ministre de la Défense.