Maquis de l'Ain et du Haut-Jura
Le geste d'impuissance du docteur Emile MERCIER peu avant son exécution...
A propos de cette rafle monstrueuse, CHABOT a rassemblé quelques souvenirs, comme d'autres, il s'en est fallu de peu que ROMANS et LÉOPOLD membre de l'AS de Poncin et de l'E.M. ROMANS, soient pris dans la souricière...
Suivons le témoignage qu'il a recueilli...
"La veille de la rafle, j'avais rencontré ROMANS. Il devait partir le 14 décembre en Haute Savoie, et m'avait confié le commandement militaire départemental des maquis et de l'A.S., ainsi qu'il le faisait chaque fois qu'il s'absentait depuis deux mois environ. Il m'avait demandé entre autres missions, d'aller chercher du plastic, entreposé au restaurant BUSSY à Villereversure.
"Donc, ROMANS, ayant passé la nuit à Poncin, partait le 14 au matin vers la Haute Savoie dans la voiture 202 Peugeot que pilotait Henri LÉOPOLD. Arrivant à Nantua par la route de Port (qui longe la berge sud du lac), la voiture fut arrêtée à l'entrée de la ville et contrainte de se ranger sur la place de la gare, où étaient rassemblés tous les hommes de Nantua âgés de 18 à 40 ans.
"Henri LEOPOLD avait de vrais papiers en règle pour lui-même et pour sa voiture. ROMANS possédait également de "faux" papiers en règle : il était "inspecteur des lignes téléphoniques", et se rendait en Haute-Savoie pour la réparation des lignes sabotées...
"La voiture 202 est arrêtée devant la gare en même temps qu'une voiture suisse. ROMANS reste au fond de la voiture, camouflé par la buée qui couvre les vitres, tandis qu'Henri LÉOPOLD insiste auprès de l'officier allemand pour qu'il les laisse passer, étant donnée l'urgence de leur mission...". Il insiste à plusieurs reprises, sans se décourager, allant jusqu'à se faire rabrouer par l'officier allemand
Ce dernier, finalement, fait signe à la voiture suisse de passer. Profitant de l'occasion, Henri LÉOPOLD s'engouffre derrière la voiture helvétique, et réussit ainsi à se tirer du guêpier avec un culot monstre!
«Au cours de leur halte forcée devant la gare, ROMANS et LÉOPOLD ont vu les hommes que l'on venait d'arrêter, et notamment le Docteur Emile MERCIER, qui leur a fait un petit signe (un geste d'impuissance)».
"Pour ma part, j'étais parti pour Villereversure où j'avais prélevé, sur notre dépôt, 40 kgs de plastic pour reconstituer notre réserve qui avait été entièrement livrée en vue du sabotage du Creusot.
"Je suis passé sur la RN 84 entre Ceignes et Maillat vers 16 heures, c'est-à-dire peu avant l'assasinat du Docteur Emile MERCIER.
C'est seulement en arrivant au garage de Ferdinand FENOUILLET, à Maillat, que j'ai appris ce qui s'était passé. Et comme cet ami FENOUILLET me le demandait, je ne me suis pas attardé pour reprendre la route vers le P.C., qui était alors à la ferme du Fort, à Brénod".
