Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

LA REPRESSION ALLEMANDE

Affrontement des Neyrolles


et la mise en demeure de CHABOT ...


L'année 43 s'achève sur un accrochage particulièrement pénible ; c'est en fait un véritable affrontement qui oppose Français envoyés pour "maintenir l'ordre" vichyste et maquisards. Il se produit aux Neyrolles, près de Nantua, et se solde par des morts et des blessés. Divers ouvrages parus après la Libération ou bien plus tard font état de cet épisode sanglant. Nous ne pouvions évoquer cette année 43 sans le rappeler. Et pour cela, nous avons reproduit la relation qui en a été faite dans le livre d'Yves MARTIN : "La formation des maquis de l'Ain ".

A la mi-décembre, la pression des forces du maintien de l'ordre s'accentue. Un escadron G.M.R., le groupe Minervois, commandé par le commandant RAMPAL, s'installe à la Cluse. Les G.M.R. entendaient interdire au maquis ce carrefour névralgique fréquemment emprunté par les transports de l'organisation maquis. Ils multiplient les barrages et les opérations de police. Le capitaine Henri PETIT (ROMANS) confie à André LAMBLOT (MAXIME) la mission de négocier et de parvenir à un "modus vivendi" avec les GMR, mais c'est en vain, ceux-ci se montrent irréductibles.

Dans la nuit du 30 décembre, au carrefour de Nurieux, ANNIBAL est arrêté par un barrage G.M.R. et envoyé à la prison Saint-Paul de Lyon. Au cours de la même nuit, MAXIME tente l'opération destinée à ramener les G.M.R. à plus de raison. Il leur tend un guet-apens afin de capturer quelques chefs G.M.R. et d'aboutir à un compromis. Avec une section du camp NICOLE, MAXIME s'embusque sur la route de Nantua-Bellegarde à la hauteur des Neyrolles. Un coup de téléphone prévient les G.M.R. que quelques maquisards, aux prises avec un camion en panne, étaient immobilisés à cet endroit. Contrairement aux prévisions de MAXIME, les G.M.R. viennent en force. Marcel GRUMMAULT et Jacques THEROND s'avancent pour parlementer. Sans sommation, les G.M.R. ouvrent le feu. GRUMMAULT tombe, tué sur le coup, THEROND est gravement blessé. Un autre maquisard, BILLARD, d'Hauteville, est fait prisonnier. MAXIME et ses hommes se replient et quelques instants plus tard contre-attaquent vigoureusement , déclenchant un tir violent qui sème la panique parmi les G.M.R. Affolés, ceux-ci s'enfuient vers Nantua, déchargeant leurs armes à tort et à travers jusqu'aux premières maisons de la ville. BILLARD et THEROND accompagnent ANNIBAL à la prison Saint-Paul, l'accrochage coûte trois morts et des blessés aux G.M.R.

A la suite de cet affrontement, Henri GIROUSSE (CHABOT) adresse une mise en demeure au commandant des G.M.R. :

«Je ne considère pas l'opération du 30 décembre 1943 comme un succès bien que les pertes que j'ai à déplorer soient plus faibles que les vôtres, mais j'estime que quel que soit le résultat, il ne peut être question de succès dans l'issue d'une lutte entre Français.

J'aurais dû vous écrire avant, mais je tenais à connaître vos sentiments. Vos hommes se sont chargés de le faire. Je sais par eux que vous nous considérez comme des hors-la-loi qu'il faut détruire et vous nous l'avez prouvé dès votre arrivée dans la région.

C'est pourquoi, j'ai tenu à vous montrer que vous ne pourriez pas poursuivre impunément votre action contre nous. Je tiens à vous préciser que les terroristes que j'ai l'honneur de commander sont des soldats, des soldats français, que nous n'avons qu'un seul but : libérer notre pays.
Je tiens également à vous prévenir qu'en essayant de gêner notre action, vous faites le jeu de l'ennemi, que vous vous conduisez en traître et que vous serez considéré comme tel. Votre responsabilité est d'autant plus grande que les hommes que vous commandez ont une ardeur combative qui fait honneur aux traditions guerrières de notre pays.

Réfléchissez, mais sachez surtout que nous sommes arrivés à un moment où l'on est soit avec nous pour la France, soit contre nous pour le Boche
». (1)

Le 2 janvier 1944, le Chef militaire départemental
(Lettre rédigée au PC de la ferme du Fort à Brénod)

A la suite de cet avertissement, les G.M.R. deviennent moins agressifs, mais la recrudescence des actions de guérilla va les tirer de leur relative torpeur.

(1) Cité dans les "Les Vagabonds de l'Honneur" de Pierre JEANJACQUOT pages 128 et 129, et "Les Obstinés" de Henri ROMANS PETIT, pages 65 et 66).

Lexique des sigles
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