Admirable meneur d'hommes aux incontestables qualités d'organisateur, énergique et déterminé, Henri PETIT est arrivé dans le département de l'Ain en janvier 1943.
Rapidement considéré comme indispensable à l'organisation régionale, il sera à cet effet désigné comme responsable de la mise en place des maquis du département en août 1943.
A l'arrestation du responsable départemental de l'A.S., André FORNIER (alias VIRGILE) il sera également nommé à cette fonction en septembre 1943. La double responsabilité de chef départemental du maquis et de l'A.S., qu'il saura restructurer pour une meilleure coordination entre les deux mouvements, s'avéra des plus bénéfiques. De plus, on peut ajouter à son actif la réorganisation des maquis de Haute Savoie d'octobre 1943 à février 1944, et du Haut-Jura.
Engagé volontaire à 18 ans en 1915 dans les chasseurs alpins, Henri PETIT termine la première guerre mondiale dans l'aviation avec le grade de sous-lieutenant.
Mobilisé comme capitaine de réserve dans l'armée de l'Air en 1938, il commande la base de Cannes au moment de l'Armistice de 1940. Réunissant le jour même le personnel placé sous ses ordres, il leur dit : 'Je suis sûr que beaucoup d'entre vous comprennent aujourd'hui la signification du mot 'PATRIE' - Non ! la guerre n'est pas finie'.
Dès 1941, on le retrouve au réseau 'ESPOIR' dirigé par Jean NOCHER à St-Etienne (Loire) jusqu'à l'arrestation de celui-ci en 1942.
Une rencontre fortuite va orienter ses activités résistantes vers le département de l'Ain.
LE HASARD D'UNE RENCONTRE QUI DEVIENT CAPITALE
Comme le cite Alban VISTEL dans 'Visages de l'Ain' n° 138 : 'Dans le monde clandestin de la Résistance, l'intervention du hasard ne laisse pas d'être souvent déterminant. Des rencontres insignifiantes en temps normal font éclore des événements aux projections imprévisibles'.
Marcel DEMIA, maraicher/horticulteur à Ambérieu et résistant indépendant, passe la Noël chez des parents à St-Étienne. Au cours du séjour, il rencontre Henri PETIT. Les deux hommes viennent à échanger quelques mots sur les événements. Après une prudente approche la confiance s'installe et la discussion se déroule franchement. Les deux hommes s'aperçoivent qu'ils sont engagés dans un même combat.
Henri PETIT interroge Marcel DEMIA sur ce qui se passe dans l'Ain, sur les actions entreprises face à la Relève. Marcel DEMIA lui fait part de ses difficultés : il a placé dans les fermes des jeunes qui ont refusé de partir en Allemagne. Maintenant il souhaiterait trouver un officier d'active ou de réserve pour s'occuper d'eux.
Vivement intéressé, Henri PETIT demande des précisions, s'enquiert de la nature du relief, puis promet de venir voir dans l'Ain et de faire quelque chose pour 'ses petits gars'.
En janvier, Henri PETIT tient parole et se présente à Ambérieu. DEMIA l'emmène chez Marius CHAVANT à Montgriffon.
Désormais, Henri PETIT va séjourner dans ce secteur et étudier ce qui peut être réalisé.
DE JANVIER À JUIN 1943
Dans un premier temps, Henri PETIT va prendre connaissance de ce qui a été fait dans le secteur de Montgriffon. Cette période riche en enseignements sera dominée par deux impératifs :
1) S'attacher à acquérir de nouvelles complicités, développer et étendre la chaîne de solidarités qui détermine la poursuite de l'entreprise et sa capacité d'absorption des réfractaires.
2) Renouer le fil rompu avec l'Etat Major de la Résistance lors de l'arrestation de Jean NOCHER - contact nécessaire pour obtenir des armes certes, mais aussi de l'argent sans lequel tous les efforts risquent d'être réduits à néant. (Marcel DEMIA et Marius CHAVANT sont encore sans liaison avec les Mouvements).
Une longue suite de démarches va être entreprise tant à St-Étienne qu'à Lyon. Plusieurs fois, alors qu'il croit réussir, la chaîne est brutalement rompue, pour des raisons inconnues. Il est vrai que les arrestations se multiplient dans les rangs dirigeants.
C'est seulement en juin que le contact sera établi avec l'État Major régional.
En attendant, la situation exige des décisions immédiates. Un comité qui rassemblera les dons en espèces et en nature est constitué à St Rambert en Bugey.
Très vite, Henri PETIT va s'apercevoir que parmi les jeunes réfractaires, ceux qui, placés chez l'habitant, ont un travail, sont stables et gardent bon moral. D'autres, comme Hubert MERMET, se dissimulaient dans des entreprises forestières avant de rejoindre les premiers réfractaires sur le mont l'Avocat. Par contre, parmi les autres dispersés dans la nature, règne l'instabilité. Vivants dans des conditions matérielles et morales extrêmement précaires, rongés par l'ennui et l'inaction, ils sont tentés d'aller voir ailleurs. Certains, impatients de s'engager dans la lutte, repartent vers d'autres horizons.
Pour les tirer de cette oisiveté déprimante, il faut les motiver. D'abord les regrouper, les instruire, les encadrer et faire de ces jeunes soucieux avant tout de se soustraire au S.T.O., une armée de Partisans.
C'est le but que se fixe Henri PETIT.
La voix du Maquis